Jean Louis Perez |
1. Tout d'abord présentez vous
'Je m'appelle Jean Louis Perez, j'habite dans le Larzac, un haut plateau karstique français du sud du massif central. Je suis vice président de l'Abeille Héraultaise et secrétaire de la Fédération Apicole Languedoc-Roussillon.
Cela fait 30 ans que je suis actif pour l'apiculture dans l’Hérault, et j'interviens de temps à autre au niveau national'.
2. En quoi consiste cette fédération ?
'Elle sert à fédérer les différents syndicats d'apiculture de la région. Elle comprend aussi bien l'Hérault que le Gard, l'Aude etc ...'
3. Pour vous, quel est le plus gros problème que les apiculteurs peuvent être amener à rencontrer ?
'La perte de leur cheptel. Des colonies entières d'abeilles disparaissent de plus en plus régulièrement et pour de multiples raisons. Le Varroa est un facteur important de ces pertes. C'est un acarien d'origine asiatique qui infeste les essaims et s'attaque aussi bien aux adultes qu'aux larves. Il prolifère très rapidement si la ruche n'est pas traitée'.
4. Pensez-vous que le changement climatique a un impact sur les abeilles ?
'Oui. L'augmentation des températures a réduit la richesse en nectar de certaines fleurs qui sont du coup beaucoup moins visitées par les abeilles. Je pense notamment au thym. Les abeilles ont donc moins de variétés de plante à butiner et certaines en meurent.'
5. Sur internet, il n'est pas rare d'entendre parler d'hécatombes d'abeilles. En avez-vous déjà vu ou entendu parler ?
'Oui, j'en ai déjà entendu parler. Il arrive que cela se produise, notamment si certains pesticides sont utilisés à proximité de colonies. Le pourcentage de mortalité des abeilles a augmenté, il est passé en 30 ans de 5 % à 30 %'.
8. Pensez-vous que si l'on continue comme cela, l'abeille puisse être amenée à disparaitre définitivement, même si cela se passe dans 10, 20 ou 40 ans ?
'Je ne pense pas, même si je ne peux pas répondre pour les 40 prochaines années à venir. Les abeilles sauvages sont plus menacées que les abeilles domestiques. Nous savons gérer et reproduire ces dernières. Les abeilles sauvages sont davantage dépendantes des ressources naturelles qui comme je l'expliquais plus haut ont tendance à s’appauvrir. Actuellement, on compte dans le monde 20 000 espèces d'abeilles sauvages dont 1000 en France. Sur ces 1000 espèces d'abeilles sauvage, certaines ont déjà disparues.
9. Quelles solutions faudrait-il mettre en place selon vous pour préserver au mieux les abeilles ?
'Je pense qu'il faut réduire le nombre de pesticides utilisés. Des prélèvements effectués sur certains miels on révélés plus de 170 produits chimiques. Je me bats sur l'arrêt des pesticides depuis les années 1990, certains d'entre eux ont été arrêtés depuis'.
10. Quel message aimeriez-vous faire passer à ceux qui vous lisent ?
'Je pense sincèrement que nous devons arrêter de polluer la terre avec tous ces produits chimiques et ces pesticides. Nous l'avons fait depuis trop longtemps déjà et la terre a perdu toutes ses qualités et ses richesses. Nous devons revenir à des circuits courts dans notre production et notre distribution. Revoir le système agricole et revenir à des solutions plus naturelles et plus adaptées. J'aimerais citer un film que j'ai vu récemment et qui me semble intéressant, il s'agit de " Solutions locales pour un désordre global " de Coline Serreau. Il explique assez bien la situation. Nous devons vraiment faire quelque chose !'
Il est important de comprendre ce qu'il se passe au niveau de l'écologie. Les transformations que nous infligeons à la terre ne sont pas toujours très visibles mais elles sont pourtant bien réelles. L'abeille est une actrice importante de la pollinisation et a une place importante dans notre écosystème. Sa disparition progressive devrait inquiéter tout le monde.
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